Madeleine Parent (1918-2012), leader syndicale, local 100, grève contre la Montreal Cotton Co., 1946.
Collection Madeleine Parent et Kent Rowley, Musée de société des Deux-Rives / Bibliothèque et Archives Canada, PA-107335

Madeleine Parent

Une infatigable combattante

Élevée près du parc Lafontaine, en plein cœur d’un quartier ouvrier, Madeleine Parent est sensibilisée dès son enfance aux inégalités sociales. Elle amorce sa vie d’activiste durant ses études en sociologie à l’Université McGill, où elle joint un groupe qui réclame la remise de bourses aux étudiants et étudiantes de milieux défavorisés. En 1938, alors secrétaire pour la Ligue des droits civils, elle se fait remarquer par Léa Roback. Aux côtés de cette pionnière du féminisme et du syndicalisme québécois, Madeleine Parent milite pour de nombreuses causes, dont le suffrage féminin au Québec.

En 1942, Madeleine Parent se retrouve à la tête du mouvement de syndicalisation des usines de la Dominion Textile, dont la Filature Sainte-Anne située rue Notre-Dame à Montréal. Quelques années plus tard, la grève éclate et elle doit faire preuve de courage et de ténacité. Plusieurs adversaires se dressent sur son chemin, parfois les syndicats eux-mêmes. À l’époque, l’industrie du textile emploie surtout des femmes et les grands syndicats internationaux sont peu enclins à laisser ces « groupes désorganisés » se syndiquer. Mais ses plus grands ennemis demeurent le clergé et le gouvernement de Maurice Duplessis. Ce dernier, farouchement antisyndical, l’accuse d’être communiste, la fait mettre sous arrêt cinq fois. Il réussit à la faire condamner en 1948 pour conspiration séditieuse, c’est-à-dire d’avoir encouragé les travailleurs et les travailleuses à la révolte.

En 1983, après de nombreuses années de luttes acharnées, Madeleine Parent prend sa retraite du monde syndical sans toutefois délaisser les causes qui lui tiennent à cœur. Elle poursuit alors son action militante à la Fédération  des femmes du Québec et à la Ligue des droits et libertés. « Madeleine est notre conscience à toutes. Infatigable militante, elle fut et est de tous les combats », rappelle Françoise David.

 

Ligne de piquetage à l’entrée principale de la Montreal Cotton Co., durant la grève du local 100, 1946.

Collection Madeleine Parent et Kent Rowley, Musée de société des Deux-Rives / Bibliothèque et Archives Canada, PA-107336.

Grève local 100 contre la Montreal Cotton Co., plan de la rue Dufferin endommagé après l’émeute du 13 août, 1946.

Collection Madeleine Parent et Kent Rowley, Musée de société des Deux-Rives. / Bibliothèque et Archives Canada, PA-118114

En 1946, les ouvriers des cinq usines de la Dominion Textile entrent en grève. Le conflit se règle rapidement à Montréal, mais les choses se corsent à Valleyfield. Le 13 août 1946, la tension entre grévistes et policiers éclate et provoque un affrontement qui tourne à l’émeute. Le conflit se dénoue le 3 septembre, à l’avantage des travailleuses et des travailleurs. 

Kent Rowley, leader syndical, à Valleyfield lors de la fête du Travail, 1950.

Collection Madeleine Parent et Kent Rowley, Musée de société des Deux-Rives / Bibliothèque et Archives Canada, PA-107371

En 1953, Madeleine Parent épouse Kent Rowley, son compagnon de lutte syndicale. Le couple fonde, en 1969,  la Confédération des syndicats canadiens, alors réputée pour ses positions militantes.

 

« La lutte pour un plus juste partage des richesses entre travailleurs et patrons reste un combat nécessaire. Les enjeux mondiaux actuels découlent tous de [la] mauvaise redistribution de la richesse. »

Madeleine Parent