Madeleine Parent
Une infatigable combattante
Élevée près du parc Lafontaine, en plein cœur d’un quartier ouvrier, Madeleine Parent est sensibilisée dès son enfance aux inégalités sociales. Elle amorce sa vie d’activiste durant ses études en sociologie à l’Université McGill, où elle joint un groupe qui réclame la remise de bourses aux étudiants et étudiantes de milieux défavorisés. En 1938, alors secrétaire pour la Ligue des droits civils, elle se fait remarquer par Léa Roback. Aux côtés de cette pionnière du féminisme et du syndicalisme québécois, Madeleine Parent milite pour de nombreuses causes, dont le suffrage féminin au Québec.
En 1942, Madeleine Parent se retrouve à la tête du mouvement de syndicalisation des usines de la Dominion Textile, dont la Filature Sainte-Anne située rue Notre-Dame à Montréal. Quelques années plus tard, la grève éclate et elle doit faire preuve de courage et de ténacité. Plusieurs adversaires se dressent sur son chemin, parfois les syndicats eux-mêmes. À l’époque, l’industrie du textile emploie surtout des femmes et les grands syndicats internationaux sont peu enclins à laisser ces « groupes désorganisés » se syndiquer. Mais ses plus grands ennemis demeurent le clergé et le gouvernement de Maurice Duplessis. Ce dernier, farouchement antisyndical, l’accuse d’être communiste, la fait mettre sous arrêt cinq fois. Il réussit à la faire condamner en 1948 pour conspiration séditieuse, c’est-à-dire d’avoir encouragé les travailleurs et les travailleuses à la révolte.
En 1983, après de nombreuses années de luttes acharnées, Madeleine Parent prend sa retraite du monde syndical sans toutefois délaisser les causes qui lui tiennent à cœur. Elle poursuit alors son action militante à la Fédération des femmes du Québec et à la Ligue des droits et libertés. « Madeleine est notre conscience à toutes. Infatigable militante, elle fut et est de tous les combats », rappelle Françoise David.