Marie Lacoste-Gérin-Lajoie
Emblème du mouvement féministe
Marie Lacoste vient au monde dans une famille de la bourgeoisie francophone de Montréal. Elle est la sœur de Justine Lacoste, fondatrice de l’Hôpital Sainte-Justine. Après ses études au Couvent Hochelaga, elle s’intéresse à la condition juridique des femmes au Québec. Cependant, à la fin du 19e siècle, les études universitaires sont réservées aux hommes. Pour s’instruire, elle fréquente la bibliothèque juridique de son père et celle de son mari, Henri Gérin-Lajoie. Tous deux sont avocats et lui serviront de guides dans ses études autodidactes.
Marie Lacoste-Gérin-Lajoie participe, en 1893, à la fondation du Montreal Local Concil of Women (MLCW) qui vise l’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants ainsi que l’émancipation juridique des femmes au Canada. En 1902, elle rédige le Traité de droit usuel, un ouvrage de vulgarisation du droit civil et constitutionnel, et fait de l’éducation populaire l’un des moyens privilégiés de la lutte des femmes.
En 1907, elle se dissocie du MLCW pour fonder, avec Caroline Béïque, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), le premier organisme féminin d’action sociale catholique canadien-français. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie y occupe le poste de secrétaire entre 1907 et 1913 et celui de présidente de 1913 à 1933. La FNSJB joue un rôle déterminant dans les débuts du mouvement féministe québécois et la lutte pour l’obtention du droit de vote des femmes au Québec, acquis en 1940. Tout d’abord installée dans des locaux du Monument-National, la Fédération logera dans une maison située au coin des rues Sherbrooke et Saint-André, à partir de 1925.
Marie Lacoste-Gérin-Lajoie crée, en 1922, le Comité provincial pour le suffrage féminin (CPSF) qu’elle sera forcée de quitter quelques mois plus tard en raison de pressions du clergé. Elle poursuit néanmoins ses interventions sociales et participe activement à la Commission Dorion sur le droit civique des femmes au Québec, en 1930. Conséquemment à cette commission, la femme mariée québécoise obtient, entre autres, le libre droit de disposer de son salaire. Il faudra attendre 1940 pour que les Québécoises obtiennent le droit de vote. Décédée en 1945, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie aura tout juste le temps d’être témoin de ce gain significatif pour lequel elle s’est battue.